(A) la prose
- auteur: anonyme
- dédicataire: non mentionné
- datation: 1480 (?)
- Doutrepont 1939: aucune mention
- deux manuscrits (sigles de Levy):
(1) Paris, BnF, fr. 1492 (A, numérisé dans Gallica)
(2) Paris, BnF, fr. 1493 (B, numérisé dans Gallica; ms de base pour l’éd. Levy)
- organisation du texte
Dans les deux manuscrits, le texte débute directement par le prologue, sans titre ni rubrique. Ce n’est que dans l’explicit qu’on lit «le Romant de Floriant et de Florete». Aucune présence non plus de rubriques ou de numérotation au début des «chapitres», que marquent des lettrines rouges. La prose qui court sur les 123 feuillets du manuscrit de base est entrecoupée d’un peu plus de 90 lettrines en couleur, hautes de deux lignes. A quelques exceptions près, ces entités correspondent à un peu plus d’une page de texte et remplissent donc l’équivalent d’un recto ou d’un verso d’un feuillet.
Du point de vue du contenu, les deux manuscrits de la prose, qui semblent d'ailleurs remonter à un même antigraphe, suivent d'assez près la version octosyllabique.
De façon générale, l’auteur de la prose est intervenu dans les passages où apparaissait, dans la version octosyllabique, le narrateur, qui étalait par moments sa propre histoire d'amour, comme c'était la mode dans certains romans en vers du XIIIe siècle. Ainsi, au moment d'évoquer les plaisirs amoureux des héros (vv. 4351-4357), il ajoute, prenant la posture d'amant délaissé: «Je ne pens pas qu'il lor anuit / Quar se lez m'amië estoie / Et une nuit i demouroie / Et la nuit .iiij. jors durast / Ne devant donques n'ajornast / Que le sinquieme entrez seroit, / Sachiés que poi me sambleroit! / Dex! porroit il mais avenir / Que je la poïsse tenir / Trestoute nue entre mes braz? / Nenil, voir, e mi! chaitis, laz! / J'ai veü que j'estoie amez, / Mes or sui arrieres boutez, / Ce fet Fortune desloiaux! / Mes toutevoie li vassaux / Sont a aisse lez lor amie» (Floriant et Florete, éd. Combes – Trachsler, vv. 4358-4373). Deux siècles plus tard, le prosateur a supprimé cette digression, de même qu'il a réduit ceux où il était fait état des sentiments des protagonistes. Inversement, il a ajouté ou réécrit certains détails qui s'inséraient dans des scènes de batailles. Il a même inventé quelques rares discours directs. Les formules du modèle qui étaient motivées par les besoins de la versification ont été supprimées la plupart du temps, ou, plus rarement, remplacées par des expressions stéréotypées comme les binômes synonymiques propres aux proses du XVe siècle.