(A) la prose
- auteur: Pierre Durand (le nom est donné en acrostiche dans le douzaine en alexandrins qui clôt le texte)
- dédicataire: non mentionné
- datation: 1527-1530/32 (date approximative de l’editio princeps)
- Doutrepont1939, pp. 295-297
- manuscrits: La prose de Guillaume de Palerne n’est transmise que par des imprimés. La princeps est parisienne; sans date et sans nom d’éditeur, elle remonterait aux années1527-1530/32 et serait due à Jean II Trepperel (cf. Cappello 2013, p. ***): S’ensuyt l’histoire du noble, tres preux et vaillant chevalier Guillaume de Palerne et de la belle Melior, lequel Guillaume de Palerne fut filz du roy de Cecille, et par fortune et merveilleuse adventure devint vacher, et finablement fut empereur de Romme soubz la conduicte d’ung loup garoux filz au roy d’Espaigne. // Cum privilegio.(a1r)
- organisation du texte
Le récit est réparti en 54 chapitres de longueur très variable (environ une page pour les chapitres les plus courts [4, 5, 7, 9, 13, 16, 45, 52], plus de huit pour le ch. 54), tous introduits par une rubrique-résumé.
Dans son analyse, fondée sur l’édition Arnoullet de 1552, A.-F. Garrus souligne quelques éléments dignes d’intérêt (renvois au tome III de sa thèse). Tout d’abord l’auteur, Pierre Durand, tient à se différencier du «premier escripvain», appelé aussi «l’ancien facteur du livre original», en se désignant comme «auteur ou translateur» dans le Prologue (p. 98) et surtout en signant sa prose (acrostiche final). Il n’hésite d’ailleurs pas à renvoyer au roman en vers, appelé «hystoire», «ancien livre» (p. 104). Tout en réorganisant son modèle, par un titre beaucoup plus articulé, par la division de la matière en chapitres, par une articulation marquée du texte (formules de transition, rappels, interpellations diverses aux lecteurs), il affirme sa fidélité à la source, notamment dans le Prologue (p. 99; voir supra).
Durand conserve en effet certains traits du Guillaume de Palerne en vers: appels à l’attention du public («Or oyéz / escoutéz»), images, métaphores, voire des chiffres, alors que la plupart des prosateurs tendent plutôt à les modifier (p. 103 et p. 106). En même temps, son écriture se différencie de la source par des caractéristiques propres: efforts visibles pour renforcer la logique ou la vraisemblance du récit (pp. 113-114), pour valoriser et humaniser le héros (p. 115); la valeur morale du récit est aussi mise en valeur, entre autres par l’ajout de nombreux proverbes (p. 116); en outre, Durand assume parfois un ton sentencieux (p. 120) et renforce l’élément religieux de l’histoire (p. 121).