notice rédigée par Marie-Claude de Crécy
(A) la prose
- auteur: Jean Wauquelin (mort en 1452)
- dédicataire: Philippe le Bon, duc de Bourgogne
- datation: 1448 (indication donnée dans le prologue)
- Doutrepont 1939, pp. 242-246
- manuscrit unique:
Bruxelles, KBR 9967. Manuscrit luxueux; texte écrit d'une seule main (la table des rubriques pourrait être d’une main différente); ne contient que La Belle Hélène de Constantinople.
- organisation du texte
Un prologue, où l’auteur se nomme clairement «Je, Jehan Wauquelin…», mais avec la modestie requise par le topos usuel, indique les circonstances de la composition (commanditaire, date, et source en vers); il est suivi de 152 chapitres, introduits par autant de rubriques, dont quelques-unes sont erronées (ch. LXI, XCVIII, CXXXIX, CXL: il est possible de les corriger en se rapportant à la Table).
La référence à la source est constante (le mot «mat(i)ere» est moins fréquent que «l’istoire», «nostre histoyre», qui apparaissent plus de 150 fois et s’opposent à «l’ystoire des Normans», aux «hystoires anciennes», aux «hystoires de France» ou à «d’autres hystoires»); l’intervention du «translateur» est fréquente, qu’il manifeste son souci de vraisemblance, de clarté ou de brièveté ou qu’il s’adresse à l’auditeur. Le souci affiché dans le prologue du salut et du profit que doivent tirer les «oyans» s’exprime dans de nombreuses citations bibliques (8), parfois en latin (4), dans des proverbes ou des phrases d’allure sentencieuse, qui évoquent la fortune et l’instabilité du monde, le jugement divin et la rétribution des mérites.
Après la fin du texte («Et atant fine nostre hystoire»), le «translateur» appelle la grâce de Dieu sur le commanditaire pour qui il a mis en prose cette histoire, mais aussi sur tous ceux qui l’ont entendue, rappelant ainsi la valeur exemplaire annoncée dans le prologue.
Au cours du texte, à propos de Notre-Dame-de-Breteuil en Beauvaisis, où est enterré saint Constancien, une information intéressante sur sa jeunesse pourrait orienter les recherches sur Wauquelin: «Et dit nostre hystoire qu'il fut nommé Constancien et qu'il est saint et eslevé en fiertre en l'eglise de Nostre Dame de Bretueil en Beauvoizis, ung monastere de moynes de l'ordre saint Benoit. […] Et je, qui suis l'acteur de ceste hystoire du commandement de mondit tresredoubté seigneur, comme dit est, au temps de ma jeunesse que je aloye à l'escole assés prés dudit monastere, y vis venir pluseurs telz malades…» (éd. de Crécy, LXXXV, 55-64).
(B) la source
Belle Hélène de Constantinople (milieu du XIVe siècle); 399 laisses d’alexandrins monorimes (15538 vers)
(C) histoire de la prose
La prose de Wauquelin n’a connu aucune diffusion. C’est la version anonyme, plus courte, qui a été transmise ultérieurement (voir notice).
(D) bibliographie
(1) éditions
O. Brattö, La belle Hélène de Constantinople, conte d’aventures du XVe siècle, thèse dactylographiée, 1959 [un exemplaire est déposé à l’IRHT; éd. partielle: chapitres CVII et CVIII)
M.-C. de Crécy, Jehan Wauquelin, La belle Hélène de Constantinople. Mise en prose d’une chanson de geste, Genève, Droz, 2002
(2) bibliographie critique
F. Frocheur 1845, «Notice sur le roman de La Belle Hélène de Constantinople, rédigée en vers par Alexandre de Paris et mis en prose en 1448 par Jean Wauquelin», in Bulletin de l'Académie royale des Sciences et Belles Lettres de Bruxelles, 12/1, pp. 273-285
F. Frocheur 1846, «La Belle Hélène de Constantinople ou examen et analyse d'une épopée romane du XIIe siècle», in Messager des Sciences historiques et Archives des Arts de Belgique, Gent, pp. 169-209 [avec reproduction au burin des miniatures des ff. 8 et 30]
F. Brassart 1879, «Jean Wauquelin, traducteur de Jacques de Guise», in Souvenirs de la Flandre Wallonne, 19, pp. 139-155 (p. 153)
E. Matthieu 1889, «Un artiste picard à l'étranger. Jehan Wauquelin traducteur, historien et littérateur, mort à Mons en 1452», in Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 3e série, 10, pp. 333-356 (pp. 348-349)
W. Söderjhelm 1893, «Saint Martin et le roman de La Belle Hélène de Constantinople», in Mémoires de la Société Néo-philologique de Helsingfors, 1, pp. 32-64
R. Ruths 1897, Die französischen Fassungen des Roman de la Belle Helaine, Greifswald, F.W. Kunike
A.H. Krappe 1937, «La belle Heleine de Constantinople», in Romania, 63, pp. 324-353
Woledge 1954-1975, n. 22
Y. Lacaze 1971, «Le rôle des traditions dans la genèse d’un sentiment national au XVe siècle. La Bourgogne de Philippe le Bon», in Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 129, pp. 303-385 (pp. 365-366)
A. Henry 1972, Esquisse d’une histoire des mots ‘wallon’ et ‘Wallonnie’, Bruxelles, La Renaissance du Livre, pp. 29-30
A. Henry 1973, «Jean Wauquelin et l'histoire du mot ‘wallon’», in Mélanges de linguistique française et de philologie et littérature médiévales offerts à Monsieur Paul Imbs (Travaux de linguistique et de littérature, 11/1), pp. 169-176 (p. 172)
R.E.F. Straub 1995, David Aubert ‘escripvain et clerc’, Amsterdam, Rodopi, pp. 108-109
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Suard 2011, pp. 348-349
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