notice rédigée par Claudio Lagomarsini
(A) la prose
- auteur: anonyme
- dédicataire: non mentionné
- datation: dernier quart du XIVe siècle
- Doutrepont 1939: aucune mention
- manuscrit unique:
Madrid, BN, 10264
- organisation du texte
A cause d’une lacune, le début du roman est perdu: on ne peut pas exclure la présence éventuelle d’un prologue. La copie s’arrête au f. 74r (le verso est blanc), avant la conclusion du roman. Le copiste n’insère aucune rubrique et le texte n’est pas scandé par un système de lettrines ou alinéas. Faute de chapitres et de paratexte, les entrelacements du récit sont marqués par les formules habituelles de la prose romanesque («Cy se fine le contes du chevalier: bien y saura retourner…»; «Or dit l’estoire que…»). D’autres pauses narratives correspondent à l’interpolation de quelques pièces lyriques de Guillaume de Machaut, que l’auteur présente comme des compositions de ses personnages. Le passage du Jugement dou roy de Behaigne de Machaut (éd. Hœpffner, vv. 302-407 = éd. Wimsatt – Kibler, vv. 293-403), qui a fait l’objet de la mise en prose, se trouve dans la narration de la première rencontre de Cardenois, protagoniste du roman, avec dame Passebeauté. La description de celle-ci est empruntée au portrait en vers de la dame du Jugement, que l’auteur de Cardenois a inséré dans le texte après la formule suivante: «Et se vous voulés savoir la beauté d’elle, je vous en diray ce que je pourray, car je n’en pourroye dire la moitié». Comme il le fait pour les pièces lyriques de Machaut, le romancier ne déclare pas la source de ce portrait. Par rapport au texte machautien, il abrège la description des yeux de la dame, qui occupait six strophes dans le Jugement; il déplace quelques vers et ajoute des détails (p. ex.: «Primierement elle estoit grainde et droite», absent dans la source), alors que d’autres sont omis (cf. les vv. 377-379 concernant les «hanches, cuisses, jambes… et les piez» de la dame).
(B) la source
Guillaume de Machaut, Jugement dou roy de Behaigne (avant 1342), quatrains constitués par trois décasyllabes monorimes suivis d’un vers de quatre syllabes dont la rime est reprise par les décasyllabes de la strophe successive; 2079 vv.
(C) histoire de la prose
Aucune diffusion ultérieure.
(D) bibliographie
(1) éditions
A.-M. Valero de Holzbacher, Roman de Passebeauté y Cardenois, thèse, Universitat Autònoma de Barcelona, 1972
M. Cocco, Roman de Cardenois, Bologna, Pàtron, 1975
(2) bibliographie critique
M. Cocco 1971, «L’inedito Roman de Cardenois e la fortuna di Guillaume de Machaut», in Cultura Neolatina, 31, pp. 125-153
A.-M. Valero de Holzbacher 1983-1984, «Elementos histórico-geográficos en el Roman de Passebeauté et Cardenois. Un ejemplo más de la presencia de Cataluña en la novela francesa de los siglos XIV y XV», in Boletín de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona, 39, pp. 177-190
P.-Y. Badel 1986, «‘Par un tout seul escondire’: sur un virelai du Buisson de Jeunesse», in Romania, 107, pp. 369-379
L. Earp 1995, Guillaume de Machaut. A Guide to Research, New York – London, Garland, pp. 59-61
A. Alberni 2010, «Guillaume de Machaut en la tradició catalana dels segles XIV-XV: la Suited’esparses del cançoner VeAg», in Translatar i transferir. La trasmissió dels textos i el saber (1200-1500),Santa Coloma de Queralt, Obrador Edèndum, pp. 317-347
A. Alberni 2012, «El Roman de Cardenois i l’empremta de Guillaume de Machaut en la poesia catalana medieval», in Romania, 130, pp. 74-108
C. Lagomarsini 2012, «Il Roman de Cardenois ela tradizione manoscritta di Guillaume de Machaut», in Romania, 130, pp. 109-133
F. Zinelli 2012, «Il Roman de Cardenois, Guillaume de Machaut e Oton de Grandson tra Francia del sud e Catalogna», in Romania, 130, pp. 294-354
A. Lambert 2020, «Les insertions versifiées dans les mises en prose épiques et romanesques», in Le Moyen Français, 86, pp. 27-49