(A) la prose

- auteur: anomyme

- dédicataire: non mentionné

- datation: vers 1250

- Doutrepont 1939: aucune référence à ce texte (nombreuses sont, par contre, les références à la Chronique du Pseudo-Turpin en général)

Manuscrit unique:Paris, BnF, fr. 1621 (numérisé dans Gallica)

- organisation du texte

Le ms BnF fr. 1621 représente bien la tradition mixte turpino-rolandienne née au XIIIe siècle (voir infra). Bon connaisseur de la tradition épique, le scribe de ce codex a exploité ses connaissances littéraires pour agrémenter et «compléter» l’un ou l’autre épisode raconté dans le Turpin. La plupart de ses allusions aux chansons de geste (Gerbert de Metz, la Chanson des Saisnes, peut-être une tradition épique perdue relatant la guerre en Espagne) sont fugaces. Cependant, dans le chapitre consacré à la défaite de Roncevaux (ff. 215vb-225ra), en correspondance du ch. LXVI,15 de l’éd. Walpole, c’est-à-dire au moment où les Francs quittent Roncevaux pour regagner leur pays, le copiste introduit une interpolation plus ample (ff. 220rb-222rb): la mise en prose de l’épisode de la mort d’Aude d’après le Roland rimé (cf., selon la numérotation des laisses de l’éd. sous la dir. de J.J. Duggan: V7 C 330-332, 346-371, 377-381, 384; V4 320-322, 336-338, 340-355, 359-363, 366; P 262-264, 286-312, 316-318, 321; T 233-235, 256-284, 286-290, 293;L 123-125, 139-160, 164-168, 171; f 12-14). Les quelque 900 vers du poème sont réduits à peu de pages, mais le metteur en prose ne fait pas de coupes sombres. Il suit le Roland rimé scène par scène, souvent laisse après laisse. Son texte est parfois très proche de la lettre de la source et représente l’une des plus anciennes mises en prose épique conservées, et peut-être même la plus ancienne (cf. notice Godefroi de Bouillon). On remarquera aussi que le scribe souligne à deux reprises le choix de Turpin de mettre «l’estoire» par écrit «sans rime, sans mot de fauseté» (f. 219va), «sans rime et a briés mos» (f. 219vb).