(A) la prose
- auteur: anonyme
- dédicataire: le prologue fait allusion à la commande d'un «treshault et redoubté prince» dont l'identité n'est pas précisée.
- datation: ante 1455 n.st. (cf. le colophon du ms, dont la copie fut achevée «le XXVIe jour de marz IIIIc et LIIII», f. 105r)
- Doutrepont 1939, pp. 261-262
- manuscrit unique:
Leipzig, UB, Rep-II-108
- organisation du texte
Le titre, Le livre de Alixandre empereur de Constentinoble et de Cligés son filz, se lit sur le plat de la reliure du volume.
Le prologue, très bref, réunit un certain nombre de topoi bien connus: la valeur des «fais d’aulcuns nobles anchians», la nécessité de les «transmuer de ryme en prose» selon la demande des lecteurs du temps, le topos modestiae, le besoin d’«eschiever wiseuse», ainsi que l’insuffisance stylistique de l’auteur, son «dur et mal aorné langaige». Chrétien de Troyes n’est pas nommé.
Pas de table des titres; copiés évidemment en une seconde phase dans le texte, trois titres manquent (ch. 47, 59, 64). La matière est divisée en 75 fragments; la transition entre la première partie, consacrée à Alexandre, et la seconde, centrée sur Cligés, est nettement marquée à la suture entre le ch. 28 et le ch. 29 (à remarquer l’emploi du substantif «traittié» pour désigner les deux parties du roman, ff. 2v et 40v, analogue à celui qu’en fait le prosateur de Blancandin: voir notice). La longueur des chapitres va de 18 lignes du manuscrit pour le ch. 37 à 194 lignes pour le ch. 53.
L’épilogue s’avère très semblable à celui de l’Erec en prose (voir notice).
Différemment du prosateur d’Erec, l’auteur du Cligés en prose s’exprime volontiers et souvent: il intervient dans le récit, s’adresse aux lecteurs, annonce la suite des événements, commente la matière. Les deux proses utilisent de la même manière les mots «histoire» pour désigner la source en vers, «compte» pour indiquer le roman en train de se construire.
Par rapport au roman de Chrétien, un seul épisode est ajouté, qui correspond au chapitre 53: il relate la rencontre dans la forêt de Cligés avec une jeune fille en pleurs, qui regrette l’absence de son ami, parti «serch[ier] son adventure» (f. 75r); cela amène Cligés à réfléchir sur la situation analogue de Fenice, et donc à partir au plus vite pour Constantinople (voir Colombo Timelli 2004c).