(A) la prose
- auteur: anonyme
- commanditaire: Jeannet d’Estouteville (mort en 1416)
- datation: 1387
- Doutrepont 1939: aucune mention
- manuscrits:
La version A de la mise en prose de la Chanson de Bertrand du Guesclin est conservée dans sept manuscrits.
Il existe également une version abrégée de cette mise en prose (Ac): il s’agit du dernier ‘livre’ du Triumphe des neuf preux, ouquel sont contenus tous les fais et proesses qu’ilz ont achevez durant leurs vies, avec l’ystoire de Bertran de Guesclin, transmis par deux éditions imprimées des XVe-XVIe siècles (cf. infra).
Version A, sept manuscrits:
(1) Paris, BnF, fr. 4995
(2) Paris, BnF, fr. 23982
(3) Paris, B. Ste-Geneviève, 814
(4) Rouen, BM, 1143
(5) Nice, BM, 93 (numérisé)
(6) Bruxelles, KBR, 10230
(7) Rennes, BM, 2049
Version Ac, deux éditions:
(1) Abbeville, Pierre Gérard, 30 mai 1487
(2) Paris, Michel Le Noir, 3 décembre 1507
- organisation du texte (version A)
Les titres, incipit et explicit des différents témoins donnent des intitulés légèrement différents:
Paris, BnF, fr. 4995: Livre hystorial des faiz de feu monseigneur Bertran du Guesclin, jadix duc de Molines, conte de Longueville et de Borge, connestable de France, et de plusieurs nobles et gentilz hommes estans avecques lui ès guerres
Paris, BnF, fr. 23982: «Cy commence la table du livre hystorial des fais de feu messire Bertrand Duguesclin, jadiz duc de Molines, conte de Longueville, connestable de France»
Paris, B. Ste-Geneviève, 814: «Explicit le livre de Betran du Guesclin»
Rouen, BM, 1143: «Cy fine le livre historial des faiz de feu messire Bertran Du Glesquin, jadis connestable de France»
Nice, BM, 93: «C'est la table du livre historial des faiz de feu messire Bertran du Guesclin, jadis duc de Moulines, conte de Longueville et de Borge, connestable de France»
Bruxelles, KBR, 10230: «Cy commence la table du livre de messire Bertrant du Guesclin, jadis connestable de France, qui fait mencion de toute sa vie et de ses fais…»
Rennes, BM, 2049: «Cy commence listoire du noble Bertrand du Guesclin, qui fut jadis connestable de France»
Trois manuscrits (n. 1, 4, 6 ci-dessus) se terminent par douze vers qui indiquent le commanditaire et la date de la mise en prose (cf. supra).
Dans tous les mss conservés (à l’exception du fragment du ms Paris, BnF, fr. 23045, où ceci n’est pas vérifiable), le texte est divisé en chapitres, au nombre de 45 à 52, de longueur inégale. Tous les mss, sauf le n. 7 ci-dessus, contiennent une table des chapitres.
Le prosateur de la version A a suivi le modèle en vers très fidèlement, jusqu’à la reprise de phrases entières. Il n’a pas modifié l’ordre des événements. Il a gardé bon nombre d’aspects caractéristiques de sa source: l’humour, le merveilleux, les toponymes (même fictifs) et le nombre exorbitant de Sarrasins dans les armées ennemies. Par contre, des aspects épiques ont été sacrifiés pour répondre au souci de «briefté» exprimé par le «translateur» dans son prologue: les répétitions, appels au public, description des batailles et discours directs ont été supprimés ou abrégés. Ce sont surtout les deuxièmes hémistiches des vers de Cuvelier, avec les qualificatifs des héros de la chanson de geste, qui ont été supprimés. Ceci change profondément le ton et le rythme du récit: l’accent porte désormais sur la suite des actions. L’abrègement du récit voulu par le prosateur est donc entièrement accompli: Contamine (2000, p. 104) estime que la Chanson de Bertrand du Guesclin compte environ 200 000 mots, contre 130 000 mots environ pour cette version en prose.
- organisation du texte (Version Ac)
Dans Le triumphe des neuf preux… Bertrand du Guesclin est considéré le dixième preux. Les deux éditions de Pierre Gérard (1487) et de Michel Le Noir (1507), sont en tout semblables quant à leur contenu (titre, prologue, division des chapitres, fin). La traduction en castillan suit, autant que nous avons pu le vérifier, très fidèlement l’édition de Gérard.
La version Ac ne couvre que 19 ff. dans l’édition Le Noir, ce qui est très peu comparé aux 189 ff. en moyenne des manuscrits de la version A. Le texte compte maintenant 28 chapitres. L’auteur abrège son histoire en composant de longues phrases où toutes les actions sont enchaînées; il supprime également des exploits de Du Guesclin, surtout vers la fin du récit.