(A) la prose

auteur: œuvre anonyme, souvent attribuée à Philippe Camus (à identité floue, soit auteur, soit traducteur, du français à l'espagnol ou vice-versa), sur des critères non vérifiés à ce jour

dédicataire: aucune mention dans le texte; on affirme que Jean de Croÿ, seigneur de Chimay, en serait le commanditaire (Doutrepont 1939, p. 259; éd. Maillet-Trachsler 2010, p. 9): cette attribution, fondée sur le seul contexte de production et de conservation du ms 12561, mériterait une révision en profondeur.

datation: ante 1468 (inventaire post mortem de Philippe le Bon)

- Doutrepont 1939, pp. 259-261 

manuscrit unique:

Paris, BnF, fr. 12561 (numérisé dans Gallica)

organisation du texte

La mise en prose contenue dans le ms BnF, fr. 12561, bien qu’abrégeant considérablement le roman d’Adenet le Roi, représente une version ‘longue’ par rapport au remaniement transmis par l’incunable lyonnais de Guillaume Le Roy et le manuscrit Oxford, Bodl. Libr., Lyell 48, version ‘courte’ (voir notice Clamadés).

Le titre se lit dans la première rubrique de la Table: «Cy s’ensieut l’ystoire du noble et adventureux roy d’Espaigne Cleomandés et de Clarmondine, la constante fille de Carmant, roy de Toscane» (f. 1r). La matière est organisée en 63 chapitres introduits par autant de titres-résumés. Pas de prologue, donc aucune mention d'un rapport à une source en vers; le lecteur est introduit in medias res. Pas de véritable épilogue (cf. l’explicit cité ci-dessus).

Le ms témoigne d'une économie narrative et d'une concision remarquables, face au modèle en vers, et il articule le récit, avec un net souci de l'équilibre, au moyen de rubriques, guides de lecture.

On constate la présence discrète du narrateur («nous passerons en brief», ch. 3; «des metz, entremez, presens, joustes, tournois et esbatemens nous passerons nous en brief», ch. 63). Référence fréquente à «l'ystoire» (ch. 14, 30, 44), au «livre» dans l'explicit («Cy fine le livre et histoire»).

L'existence de deux dérimages au miroir du très long roman d'Adenet le Roi permet d'observer les différentes procédures de contraction et de resserrement. En particulier, les insertions lyriques permettent des remarques intéressantes: la disparition des sept pièces lyriques du roman d'Adenet garde pour écho les trois chansons de Clarmondine, dues au dérimeur lui-même, dans le ms fr. 12561. La version ‘courte’ (Clamadés: cf. notice) garde en revanche cinq chansons, deux pour Clarmondine et trois autres chantées par les sœurs du protagoniste.