notice rédigée par Yvonne Vermijn
(A) la prose
- auteur: anonyme
- commanditaire: Marie de Bretagne, duchesse d’Anjou (1345-1404) pour la version B (cf. infra)
- datation: probablement 1389
- Doutrepont1939: aucune mention
- manuscrits:
La version B de la mise en prose de la Chanson de Bertrand du Guesclin est conservée dans six manuscrits.
Il existe également une version abrégée de cette mise en prose (Bc), transmise par quatre manuscrits et quatre éditions imprimées avant 1530.
Version B, six manuscrits:
(1) Paris, BnF, fr. 4993
(2) Paris, BnF, fr. 4994
(3) Paris, BnF, fr. 1984 (numérisé dans Gallica)
(4) Paris, BnF, n.a.fr. 10402
(5) Paris, BnF, n.a.fr. 20961
(6) Rouen, BM, 1144
Version Bc, quatre manuscrits et un incunable:
(1) Paris, BnF, fr. 853
(2) Paris, BnF, fr. 18623 (numérisé dans Gallica)
(3) Paris, BnF, fr. 18624
(4) Chantilly, Mus. Condé, 490
- editio princeps (pour les autres éditions, voir infra, histoire de la prose): Lyon, [Guillaume Le Roy], 1487
- organisation du texte
Les titres, incipit et explicit se différencient d’un témoin à l’autre des deux versions:
Paris, BnF, fr. 4993: «Histoire des faictz de messire Bertrand de Guesclin, connestable de France»
Paris, BnF, fr. 1984: «Cy commence le rommant de Bertrand du Guiesclin, jadis connestable de France, et nez de la nation de Bretaigne, et nombré ou nombre des preux»
Paris, BnF, n.a.fr. 10402:«Cy commence la table de toutes les rubriches de ce présent livre, onquel sont contenus les faits et hystoires du bon chevalier Bertran du Guesclin, en son vivant connestable de France»
Paris, BnF, fr. 18624 et Le Roy, 1487: «Et finist le livre des faiz de messire Bertrand du Guesclin chevalier, jadis connestable de France et seigneur de Longueville»
Chantilly, Mus. Condé, 490: «Cy commence le livre hystorial des faiz de feux messire Bertrand du Guesclin, jadis connestable de France»
Lenoir, 1521, et Arnoullet, 1529: «Les prouesses et vaillances du preux et vaillant chevalier Bertrand du Guesclin jadis connestable de France»
Bonfons, s.d.: «Les faitz et gestes du noble et vaillant chevalier Bertrand du Guesclin, jadis connestable de France»
L’incipit du prologue connaît de menues variantes dans les mss et dans les imprimés:
mss: «En ma pensee souventesfoiz me dilecte en ouyr lire et raconter les ystoyres et les faiz des anciens…»
imprimés: «En ma pensee souvent me delictoye en ouyr livres et compter les faiz des anciens…»
Tous les mss, sans différence entre la version B ou Bc, se terminent par: «… de vie a trespassement ala le bon roy Charles, qui tant fut saige, ou moys de septembre ensuivant aprés son bon connestable, en l’an mil CCC IIIIxx ans de la résurrection nostre Seigneur Jhesu Crist, qui les ames d’eulx vueille recepvoir en sa benoiste gloire. Amen».
Seule exception, le ms Paris, BnF, fr. 18624, dont les trois derniers chapitres manquent et qui se termine par: «Sy le aymoient ilz pour sa loyaulte et droicture pour ce que aimablement et sans dure prison et rançons les traictoit et gouvernoit, quant il les avoit. Et finist le livre des faiz de messire Bertrand du Guesclin chevalier, jadis connestable de France et seigneur de Longueville», conclusion qui se retrouve dans toutes les éditions imprimées.
Dans la plupart des mss le texte est divisé en chapitres de longueur inégale (voir supra). Quant aux imprimés, Le Roy, Le Noir et Arnoullet, sans insérer les titres, signalent les débuts de chapitre par des grandes capitales. Bonfons divise le texte en 33 chapitres.
Le translateur de cette version s’avère assez indépendant par rapport à sa source. Quelques éléments de la chanson de geste ont été gardés: le nombre outrageux de Sarrasins à combattre, les prophéties et les toponymes fictifs. Mais en général le prosateur a profondément changé le ton, et à des endroits même le fond, du récit. L’accent porte sur la suite des actions, comme dans une chronique. Les répétitions, les appels au public, la description des batailles et le discours direct, si caractéristiques du style épique de la Chanson de Bertrand du Guesclin, ont été supprimés ou abrégés. Les deuxièmes hémistiches des vers de Cuvelier, avec les qualificatifs des héros, ont été supprimés. En revanche, le prosateur s’est efforcé de justifier de façon logique le déroulement de la narration, de préciser le récit en donnant des informations supplémentaires et de rendre l’histoire plus vraisemblable.
La version B comprend six épisodes qui ne se lisent pas dans la Chanson. Dans ces épisodes figurent toujours soit le duc de Bretagne Charles de Blois, soit le duc Louis d’Anjou, ce qui permet d’identifier Marie de Bretagne (fille du premier et épouse du dernier) comme commanditaire de cette mise en prose.
(B) la source
Cuvelier, Chanson de Bertrand du Guesclin, 786 laisses monorimes d’alexandrins, de longueur inégale. 24346 vers dans l’édition Faucon (1990), 22790 vers dans l’édition Charrière (1839).
(C) histoire de la prose
Trois éditions du XVIe siècle:
(1) Paris, Veuve de Michel Le Noir, 28 mars 1521
(2) Lyon, Olivier Arnoullet, 18 mai 1529
(3) Paris, Jean Bonfons, s.d. [actif entre 1543 et 1568]
Pas de diffusion ultérieure.
(D) bibliographie
(1) éditions
F. Michel, Chronique de Bertrand du Guesclin, Paris, Imprimerie de Béthune, 1830 [version Bc: reproduction de l’incunable Guillaume Le Roy, Lyon, 1487, complété à l’aide du ms BnF, fr. 1984]
J.-A.-C. Buchon, Choix de chroniques et mémoires sur l’histoire de France: Chronique anonyme de sire Bertrand du Guesclin, Paris, A. Desrez, 1839, IV, pp. 1-95 [version Bc selon le ms BnF, fr. 853, complétée, pour les 9 premiers chapitres, par deux mss de la version B: BnF, fr. 1984, et BnF, fr. 4993]
(2) bibliographie critique
A. Molinier 1905, Les sources de l'histoire de France des origines aux guerres d'Italie (1494), IV, Paris, Picard, pp. 70-73, n. 3347 [nombreuses erreurs]
Y. Vermijn 2010, Chacun son Guesclin. La réception des quatre versions de l’œuvre de Cuvelier entre 1380 et 1480, mémoire de maîtrise inédit, Université d’Utrecht (en ligne)
Suard 2011, pp. 346-347
Y. Vermijn 2014, «Trois traditions manuscrites parallèles: la Chanson de Bertrand du Guesclin et ses mises en prose de 1380 à 1480», in Pour un nouveau répertoire des mises en prose. Romans, chansons de geste, autres genres,Paris, Classiques Garnier, pp. 347-360
Y. Vermijn 2015, «Chacun son Guesclin: la réception des cinq versions de l’œuvre de Cuvelier à la fin du Moyen Age», Epic onnections / Rencontres épiques, Edinburgh, Société Rencesvals British Branch, II, pp. 737-754