notice rédigée par Mari Bacquin


(A) la prose

- auteur: anonyme; Nicolle Houssemayne pour la version transmise par les mss 3 et 4; Jean Servion pour la version insérée dans les Chroniques de Savoie (voir infra)

- dédicataire: aucun dans la version imprimée; famille Dammartin pour la version abrégée; Philippe II pour les Chroniques de Savoie

- datation: XVe siècle

- Doutrepont 1939, pp. 311-314

- manuscrits: Aucun manuscrit ne subsiste de la mise en prose «originale»: le texte le plus proche de celle-ci est transmis par les imprimés du XVIe siècle, qui s’avèrent aussi plus fidèles à la version longue en vers (voir infra, «source» et «histoire de la prose»). Les quatre manuscrits conservés offrent une rédaction abrégée de Théséus qui peut être enchâssée dans des ouvrages plus vastes, centrés sur l’histoire de la famille Dammartin:

(1) Paris, BnF, fr. 15096 (numérisé dans Gallica)

(2) Paris, BnF, fr. 1473 (numérisé dans Gallica)

(3) Phillips 8161

(4) Paris, BnF, fr. 4962 (numérisé dans Gallica)

Un cinquième manuscrit, autrefois conservé à Turin (BNU, M.I.12) et brûlé pendant l’incendie de 1904, contenait les Gestes et chroniques de la maison de Savoie (1462-1465), de Jean Servion, fidèle de Philippe II de Savoie à l’époque de la révolte contre Anne de Lusignan.

Un autre manuscrit a pu exister, découvert et transcrit par un avocat Donaudi en 1782, et décrit par Léon Ménabréa (in De la marche des Etudes historiques en Savoie et en Piémont, Chambéry, Puthod, 1839, p. 8); sa facture aurait été plus luxueuse. Il n’en reste aucune trace.

- organisation du texte

Les manuscrits de Théséus de Cologne présentent l’histoire de Theseus sous forme abrégée, mais complétée de détails tirés entre autres de la Généalogie rimée des Dammartin et des Grandes chroniques de France. L’intérêt porte principalement sur l’influence de la famille Dammartin dans l’histoire de France et sur ses ancêtres Assaillant et Gerard, ce qui explique la suppression de certains épisodes importants de l’intrigue. Parmi les manuscrits, c’est sans doute le fr. 1473 (n. 2) qui transmet la version la plus ancienne.

Des prologues se lisent dans les mss 1 et 3 ci-dessus. L’édition Bonnemère (1534, voir infra) contient des textes liminaires encore différents.

 


(B) la source

Theseus de Cologne (deuxième moitié du XIVe s.), en alexandrins. Le nombre des vers est très variables selon les versions (de ca 13500 à environ 25000).

 


(C) histoire de la prose

On connaît trois éditions du XVIe siècle:

(1) Fragment perdu d’une édition de Jean Trepperel, Paris, 1504 [transcrit par Bourdillon 1918]

(2) Paris, Antoine Bonnemere, 1534 (texte de base pour l’édition de M. Bacquin, en cours)

(3) Paris, Jean Bonfons, Paris, s.d. [ca 1550]

Bibliothèques du XVIIIe siècle:

«Histoire très-récréative, traitant des faits et gestes du noble et vaillant Chevalier Theseus de Cologne, par sa prouesse Empereur de Rome; et aussi de son fils Gadiffer, Empereur de Grece; pareillement des trois enfans de Gadiffer: c’est à savoir, Regnault, Regnier et Regnesson, lesquels firent plusieurs beaux faits d’armes, comme pourrez veoir ci-après (sans date, gothique, seconde édition, Paris, 1534)», in Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, XIV/O, 1781, pp. 39-214. L’auteur s’exprime très nettement sur le sujet: «Nous avons quelque honte à rapporter cette fable si souvent répétée par plusieurs de nos vieux Romanciers, mais elle sert à caractériser les siecles d’ignorance et l’étrange bonhomie de nos aïeux» (pp. 131-132); et encore: «Nous sommes ici contraints de demander grace à nos Lecteurs pour l’absurde récit que nous venons de faire d’après le Romancier qui nous sert de guide. Ce qui va suivre n’est ni moins extravagant ni moins singulier, mais ces événemens tiennent tellement au corps de l’ouvrage que ce seroit le mutiler que de les retrancher» (p. 178).

 


(D) bibliographie 

(1) éditions 

F.W. Bourdillon 1918, «Theseus de Cologne: Notes on a fragment of a lost edition and an unknown version of the romance», in The Library, 33, pp. 73-83 [éd. du fragment de l’éd. Paris, Jean Trepperel, 1504]

M. Bacquin 2017, Le Théséus de Cologne de Jean Servion - un cri au secours, Lund University

(2) bibliographie critique

H.L.D. Ward 1883, Catalogue of Romances in the Department of Manuscripts in the British Museum, I, London, The Trustees, pp. 769-775 (compare le texte du ms London, BL, Add. 16955 [Theseus en vers] et celui de l’édition de 1534)

M. Schlauch 1927, Chaucer’s Constance and Accused Queens, New York University Press, passim et pp. 125-128

Woledge 1954-1975, n. 168

R. Bossuat 1959, «Theseus de Cologne», in Le Moyen Age, 65, pp. 539-577

E.E. Rosenthal, Theseus de Cologne, a general study and a partial edition, Ph.D Thesis, Birkbeck College, University of London, 3 vol., 1975, pp. 1248-1526

M. Bacquin 2011, «Le motif de l’aigle d’or de Theseus de Cologne, un stéréotype original?», in Original et originalité. Aspects historiques, philologiques et littéraires, UCL – Presses universitaires de Louvain, pp. 5-13

M. Bacquin 2017, «Pérégrinations d’un récit: l’exemple de Theseus de Cologne», in Bien dire et bien aprandre, hors-série n. 2, pp. 207-220