(A) la prose
- auteur: anonyme
- dédicataire: non mentionné (Keller considère simplement que le ms Paris, BnF, fr. 1470 et l’imprimé de Vérard de 1500 sont liés aux «aspirations de la cour angevine de Naples entées sur la vénérable Chanson de Roland», éd. p. 8).
- datation: fin XVe siècle selon Doutrepont 1939, p. 364; après 1450 selon Keller éd. p. 13 (sur la base de «certains faits orthographiques»)
- Doutrepont 1939, pp. 103-108
- Galien est transmis par un manuscrit et un incunable (mais l'édition lyonnaise de Claude Nourry, 1525, constitue une version différente: voir infra):
(1) Paris, BnF, fr. 1470 (numérisé dans Gallica)
(2) Paris, Antoine Vérard, 12 décembre 1500 (numérisé dans Gallica)
- organisation du texte
Le manuscrit ne contient pas de prologue; le texte commence abruptement au f. 1r: «En ce temps que Charlemaigne regnoit et aprés ce qu’il eut vues maintes batailles mises a fin…».
Le texte est divisé en fragments signalés par les nombreuses lettrines peintes en rouge.
L’auteur de la prose conservée dans le manuscrit a renforcé la cohérence narrative qui n’était que balbutiante dans le Galien de Cheltenham. Il met en évidence notamment les liens entre Galien et Olivier, en racontant d’une manière détaillée le séjour de Charlemagne et de ses pairs à Constantinople: épisode de la très riche tente habitée par des porchers; rencontre avec les vachers et les bergers; première entrevue avec Hugues en train de labourer; série de gabs et leurs conséquences (en particulier, la reconnaissance, par Hugues, de la toute-puissance de Charlemagne). Par ailleurs, l’auteur souligne le pittoresque des péripéties retenues: ajout des deux attaques de larrons et de la violente querelle entre Galien et Ganelon au moment où le héros rejoint l’armée de Charlemagne. La conduite du récit, parfois alanguie voire morne, peut se révéler trop rapide et sans nuance, comme dans la scène de trahison de Ganelon auprès de Marsile.
Dans l’incunable, Galien Rethoré commence par un «Prologue de l’acteur sur la declaration de ce present romant, contenant l’histoire du noble chevalier Galyen Rethoré, filz du chevalereux et bien renommé Olivier de Vienne, per de France, lequel l’engendra en la fille du roy Hugues a Constantinoble en revenant du saint voyage de Hierusalem».
Vérard fragmente le récit en 78 chapitres introduits par un titre, éventuellement accompagné d’un bois gravé (chapitres 5, 9, 10, 15, 18,19, 24, 31, 32, 35, 40, 42, 44, 45, 49, 50, 55, 59, 72, 73, 74, 75; le bois au f. 96v est le seul à ne pas coïncider avec un début de chapitre: il se situe à l’intérieur du chapitre 65). Les débuts de chapitre ne coïncident que rarement avec les lettrines du manuscrit.
Le texte de l’imprimé amplifie en général sensiblement celui qui se lit dans le manuscrit, sans qu’il soit possible d’établir une dérivation directe, comme le montrent quelques exemples. Les derniers instants que Galien et Olivier passent ensemble: «Or fut couché Olivier sur l’erbe vert. Si le baise Galien moult de foys. Roland et les autres barons le firent si vaillanment qu’ilz occirent tous les Sarrasins qui avoient Galien assailly» (ms 1470, éd. Keller-Kaltenbach, pp. 75-76); et «Le bon conte Olivier estant couché sur l’erbe moult flagellé et tourmenté, sentant inestimables douleurs pour les coupz que les paiens et maulditz infidelles lui avoient donnez. Son filz Galyen estant de costé lui lui baisoit souvent la bouche. Et en tandis Rolant et les aultres se penoient fort de mettre a mort tous les paiens qui estoient au champ, qui avoient assailly Galyen» (Vérard, éd. Keller-Kaltenbach, p. 253). Le combat de Galien contre Pinart: 8 pages dans le ms 1470 (éd. Keller-Kaltenbach, pp. 63-70) et 12 pages dans le texte de Vérard (éd. Keller-Kaltenbach, pp. 233-245). En revanche, la comparaison est peu significative pour l’épisode du miracle du soleil arrêté: «Si fut le soleil hault et n’alla avant ne arriere mais demoura en la forme et maniere qu’il estoict quant Charlemaigne fist la priere» (ms 1470, éd. Keller-Kaltenbach, p. 121) et «Et sachez de verité que le soleil, qui estoit alors bien bas avalé, se tint en une place, ny oncques ne se remua jusques a l’endemain au matin» (Vérard, éd. Keller-Kaltenbach, p. 318).