(A) la prose

- auteur: anonyme

- dédicataire: non mentionné

- datation: ante 1530 (date de l'édition). L’hypothèse formulée par W. Roach (Le Roman de Perceval ou le Conte du Graal, Genève – Paris, Droz – Minard, 1959, p. VIII) et reprise par Frappier (1961, p. 234), d’une composition au début du XVIe siècle, ne paraît pas suffisamment fondée.

- Doutrepont 1939: Le Perceval en prose n’est pas pris en compte par Doutrepont, même s’il figure dans les listes établies par E. Besch dans la Revue du Seizième Siècle, 3, 1915, pp. 155-181, p. 161; et par A. Tilley dans la Revue du Seizième Siècle, 6, 1919, pp. 45-63, passim.

- manuscrits: Perceval n’a connu qu’une seule édition: Paris, Bernard Aubry, 1530 (en vente chez Jean Longis, Jean Saint Denis et Galliot Du Pré); privilège daté 20 mars 1529 [n.st. 1530] (f. aa1v), achevé d’imprimer donné au colophon: 1er septembre 1530 (f. 220rb).

- organisation du texte

Le prologue reprend en le développant celui de Chrétien de Troyes, auquel il ajoute quelques informations sur la composition du modèle en vers.

Perceval comprend 110 chapitres de longueur très variable (d’une colonne pour le ch. 56 à 24 colonnes pour le ch. 44) + les 4 chapitres correspondant à Elucidation  et à Bliocadran (le titre du ch. 110, qui se lit dans la Table, n’apparaît pas dans le corps du texte, f. 219va).

Les seules remarques sur le traitement de la source se lisent dans le prologue, qui souligne la distance linguistique avec les modèles versifiés: «Et parce que le langaige dudict Mennessier ne de son predecesseur n’est en usaige en nostre vulgaire françoys, mais fort non acoustumé et estrange, je, pour satiffaire aux desirs, plaisirs et voulontéz des princes, seigneurs et aultres, suyvans la maternelle langue de France, ay bien voulu m’employer a traduire et mectre de rithme en prose familiere les faictz et vie dudict vertueux chevallier Perceval, en ensuyvant au plus prés selon ma possibilité et pouair le sens de mes predecesseurs translateurs, comme ay trouvé par leur escript» (f. a1vb: à remarquer l’utilisation du verbe «traduire», néologisme à cette date).

Par ailleurs, le prosateur attribue l’ensemble de la ‘somme graalienne’ qu’il traduit à deux seuls auteurs: Chrétien, qu’il ne nomme jamais que comme un «docte orateur» ayant travaillé pour Philippe de Flandre (f. a1va), et Manessier, «familier orateur» de la comtesse Jeanne de Flandre (f. a1vb); ces éléments d’information sont repris dans l’explicit, f. 220rb).

Les interventions du remanieur / narrateur à l’intérieur du texte sont très rares, et ne se perçoivent que par une collation ponctuelle et systématique avec les sources; elles concernent souvent le comportement des femmes. Conformément à la vision du roman à l’époque de la Renaissance, et du roman arthurien en particulier, le «translateur» appuie sur la dimension pédagogique du texte et sur sa valeur exemplaire: cf. l’emploi récurrent des mots «vertu», «vertueux/euse», «vertueusement», qui reviennent cinq fois dans le prologue, deux autres dans l’explicit.